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Escrime aux JO 2024 : le fleuret à l’italienne, une recette à base de décentralisation et de professionnalisme

L’entraîneur italien Stefano Cerioni écume, pointe les arbitres de la finale du fleuret masculin que son protégé Filippo Macchi vient de perdre à la touche décisive (15-14) au profit du tenant du titre, le Hongkongais Cheung Ka Long, lundi 29 juillet au Grand Palais. Il exige des juges des explications, s’interrogera plus tard sur leur compétence et leur impartialité.
Dans le monde de l’escrime, une telle scène n’étonne personne. Le responsable du fleuret transalpin a la réputation d’être éruptif. Le voir tenter d’influencer les arbitres depuis le bord de piste avec force gestes et exclamations constitue un spectacle en soi. Lors des championnats du monde 1986, encore tireur, il avait été suspendu un an après s’en être pris aux arbitres. « J’ai payé pour l’ensemble de mon œuvre », en plaisante-t-il aujourd’hui.
Stefano Cerioni, 60 ans, champion olympique en 1984 (par équipes) et en 1988 (dans l’épreuve individuelle), est le patron du fleuret italien, dont la densité au plus haut niveau est sans égale, avec trois tireuses dans les cinq meilleures mondiales chez les femmes et, côté masculin, trois représentants parmi les sept premiers. Malgré la médaille d’argent de Filippo Macchi, les résultats dans les épreuves individuelles des Jeux de Paris n’ont pas été à la hauteur des espoirs suscités. Les fleurettistes italiens comptent donc sur les épreuves par équipes féminine (jeudi 1er août) et masculine (dimanche 4 août) pour se rattraper.
Pour tenter de remonter à la source de ce phénomène, inutile de se rendre dans les métropoles italiennes. Les succès des bretteurs transalpins se sont construits dans les salles d’armes de petites villes de province : Navacchio, près de Pise, pour Filippo Macchi, Frascati, Mestre ou Jesi, dans la région d’Ancône. Des maîtres d’armes passionnés y ont ouvert des écoles d’escrime. « Deux d’entre eux sortaient du lot : Ezio Triccoli, à Jesi, qui fut mon maître, et Livio Di Rosa, à Mestre, que j’ai connu comme entraîneur national mais qui refusait de me donner la leçon parce que je ne venais pas de son club, raconte Stefano Cerioni. Ils ont chacun apporté des méthodes et des visions différentes. »
C’est là une spécificité de l’escrime italienne : il n’existe pas à proprement parler d’école transalpine, mais une multiplicité d’approches. « Les tireurs français s’entraînent toute l’année ensemble avec les mêmes entraîneurs, ce qui fait qu’ils tirent tous un peu de la même façon, alors que nous nous entraînons avec des maîtres d’armes différents, ce qui explique que nous ayons chacun notre style », explique le fleurettiste Guillaume Bianchi, licencié à Frascati et sélectionné pour les Jeux de Paris.
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