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« L’UE ressort affaiblie du scrutin du 9 juin, alors que pour exister dans le monde actuel il faudrait une Europe renforcée »

Au moment où le besoin d’Europe est plus pressant que jamais, l’extrême droite eurosceptique, pour ne pas dire europhobe, marque des points sur le Vieux Continent. Ce qui ne va pas sans conséquence : face aux autres blocs de puissance, l’Union européenne (UE) ressort affaiblie du scrutin du 9 juin. C’est l’un des paradoxes, malheureux, de la situation politico-stratégique de l’heure. Il y en a d’autres.
Toutes tendances confondues, la droite extrême représentera le quart, ou à peu près, des 720 eurodéputés. Le raz de marée annoncé n’a pas eu lieu, et l’incapacité de cette famille à s’unir en diluera quelque peu le poids dans l’hémicycle européen. Celle-ci reste dominée par la même coalition majoritaire : le centre droit (qui progresse), les sociaux-démocrates et les libéraux de Renew.
Mais sur les thèmes immigration-pouvoir d’achat-sécurité, dans l’ordre ou dans le désordre, l’euroscepticisme s’installe dans une Union qui, pour beaucoup, était d’abord synonyme de prospérité et de croissance. Deux piliers de l’UE sont atteints. La France est le pays le plus touché. En campagne électorale inattendue, elle entre dans une phase de tourmente politique profonde – avec la possible arrivée du Rassemblement national à la tête du gouvernement. En Allemagne, la coalition du social-démocrate Olaf Scholz est déstabilisée par la montée en force des ultras de l’AfD (Alternative für Deutschland) et le mauvais score du parti du chancelier.
Tout cela est déjà déplaisant, mais l’est plus encore si l’on tient compte du vent mauvais qui souffle aux alentours de l’Union. C’est une météo aux antipodes de l’univers du projet européen. Celui-ci s’est établi dans la paix, par et pour le droit, sur fond de libéralisme économique réglementé. Le monde d’aujourd’hui est mû par d’autres évolutions. La guerre est de retour en Europe ; les rapports de force l’emportent plus que jamais sur la scène internationale ; le protectionnisme économique est de retour.
Le « modèle » UE a beaucoup d’ennemis. La Russie de Vladimir Poutine redoute une possible contagion démocratique qu’elle combat par la guerre en Ukraine. La Chine de Xi Jinping, dans une difficile conjoncture intérieure, compte sur le marché de l’UE pour écouler ses gargantuesques surplus. Moscou et Pékin s’organisent de concert afin de contester partout les valeurs que représente le projet européen, analyse l’European Union Institute for Security Studies, le centre de réflexion stratégique de l’UE, dans son dernier rapport intitulé « Contestation : the new dynamic driving global politics » (« contestation : la nouvelle dynamique qui anime la politique mondiale »).
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